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Te tireront dessus,
Adieu les plumes ! adieu les ailes !
Les chasseurs à l'affût
Te tireront dessus,
De tes amours, y en aura plus.
* Si c'est mon triste lot
De faire un trou dans l'eau,
Racontez à la belle
Que je suis mort fidèle,
Et qu'ell' daigne à son tour
Attendre quelques jours
Pour filer de nouvell's amours.
Poème de Paul Fort
Si le Bon Dieu l'avait voulu - lanturette, lanturlu, - j'aurais connu la
Cléopâtre, et je t'aurais pas connue. J'aurais connu la Cléopâtre,
et je
ne t'aurais pas connue. Sans ton amour que j'idolâtre, las ! que fussé-
je devenu ?
Si le Bon Dieu l'avait voulu, j'aurais connu la Messaline, Agnès, Odette
et Mélusine, et je ne t'aurais pas connue. J'aurais connu la Pompadour,
Noémi, Sarah, Rebecca, la Fille du Royal Tambour, et la Mogador et
Clara.
Mais le Bon Dieu n'a pas voulu que je connaisse leurs amours, je t'ai
connue, tu m'as connu - gloire à Dieu au plus haut des nues ! - Las !
que fussé-je devenu sans toi la nuit, sans toi le jour ? Je t'ai connue,
tu m'as connu - gloire à Dieu au plus haut des nues !
Quand ils sont tout neufs,
Qu'ils sortent de l'oeuf,
Du cocon,
Tous les jeunes blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons.
Quand ils sont d'venus
Des têtes chenu's,
Des grisons,
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunots
Pour des cons.
Moi, qui balance entre deux âges,
J' leur adresse à tous un message :
Le temps ne fait rien à l'affaire,
Quand on est con, on est con.
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père,
Quand on est con, on est con.
Entre vous, plus de controverses,
Cons caducs ou cons débutants,
Petits cons d' la dernière averse,
Vieux cons des neiges d'antan.
Vous, les cons naissants,
Les cons innocents,
Les jeun's cons
Qui n' le niez pas,
Prenez les papas
Pour des cons,
Vous, les cons âgés,
Les cons usagés,
Les vieux cons
Qui, confessez-le,
Prenez les p'tits bleus
Pour des cons,
Méditez l'impartial message
D'un type qui balance entre deux âges :
Bien que ces vaches de bourgeois
Les appell'nt des filles de joi'
C'est pas tous les jours qu'ell's rigolent,
Parole, parole,
C'est pas tous les jours qu'elles rigolent.
Car, même avec des pieds de grues,
Fair' les cent pas le long des rues
C'est fatigant pour les guibolles,
Parole, parole,
C'est fatigant pour les guibolles.
Non seulement ell's ont des cors,
Des oeils-de-perdrix, mais encor
C'est fou ce qu'ell's usent de grolles,
Parole, parole,
C'est fou ce qu'ell's usent de grolles.
Y'a des clients, y'a des salauds
Qui se trempent jamais dans l'eau.
Faut pourtant qu'elles les cajolent,
Parole, parole,
Faut pourtant qu'elles les cajolent.
Qu'ell's leur fasse la courte échell'
Pour monter au septième ciel.
Les sous, croyez pas qu'ell's les volent,
Parole, parole,
Les sous, croyez pas qu'ell's les volent.
Ell's sont méprisé's du public,
Ell's sont bousculé's par les flics,
Et menacé's de la vérole,
Parole, parole,
Et menacé's de la vérole.
Bien qu' tout' la vie ell's fass'nt l'amour,
Qu'ell's se marient vingt fois par jour,
La noce est jamais pour leur fiole,
Parole, parole,
La noce est jamais pour leur fiole.
Bien qu' tout' la vie ell's fass'nt l'amour,
Qu'ell's se marient vingt fois par jour,
La noce est jamais pour leur fiole,
Parole, parole,
La noce est jamais pour leur fiole.
Fils de pécore et de minus,
Ris par de la pauvre Vénus,
La pauvre vieille casserole,
Parole, parole,
La pauvre vieille casserole.
Il s'en fallait de peu, mon cher,
Que cett' putain ne fût ta mère,
Cette putain dont tu rigoles,
Parole, parole,
Cette putain dont tu rigoles.
Je vivais à l'écart de la place publique,
Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique...
Refusant d'acquitter la rançon de la gloir',
Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir.
Les gens de bon conseil ont su me fair' comprendre
Qu'à l'homme de la ru' j'avais des compt's à rendre
Et que, sous peine de choir dans un oubli complet,
J' devais mettre au grand jour tous mes petits secrets.
Refrain
Trompettes
De la Renommée,
Vous êtes
Bien mal embouchées !
Manquant à la pudeur la plus élémentaire,
Dois-je, pour les besoins d' la caus' publicitaire,
Divulguer avec qui, et dans quell' position
Je plonge dans le stupre et la fornication ?
Si je publi' des noms, combien de Pénélopes
Passeront illico pour de fieffé's salopes,
Combien de bons amis me r'gard'ront de travers,
Combien je recevrai de coups de revolver !
A toute exhibition, ma nature est rétive,
Souffrant d'un' modesti' quasiment maladive,
Je ne fais voir mes organes procréateurs
A personne, excepté mes femm's et mes docteurs.
Dois-je, pour défrayer la chroniqu' des scandales,
Battre l' tambour avec mes parti's génitales,
Dois-je les arborer plus ostensiblement,
Comme un enfant de choeur porte un saint sacrement ?
Une femme du monde, et qui souvent me laisse
Fair' mes quat' voluptés dans ses quartiers d' noblesse,
M'a sournois'ment passé, sur son divan de soi',
Des parasit's du plus bas étage qui soit...
Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame,
Ai-j' le droit de ternir l'honneur de cette dame
En criant sur les toits, et sur l'air des lampions :
" Madame la marquis' m'a foutu des morpions ! " ?
Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente
Avec le Pèr' Duval, la calotte chantante,
Lui, le catéchumène, et moi, l'énergumèn',
Il me laisse dire merd', je lui laiss' dire amen,
En accord avec lui, dois-je écrir' dans la presse
Qu'un soir je l'ai surpris aux genoux d' ma maîtresse,
Chantant la mélopé' d'une voix qui susurre,
Tandis qu'ell' lui cherchait des poux dans la tonsure ?
Avec qui, ventrebleu ! faut-il que je couche
Pour fair' parler un peu la déesse aux cent bouches ?
Faut-il qu'un' femme célèbre, une étoile, une star,
Vienn' prendre entre mes bras la plac' de ma guitar' ?
Pour exciter le peuple et les folliculaires,
Qui'est-c' qui veut me prêter sa croupe populaire,
Qui'est-c' qui veut m' laisser faire, in naturalibus,
Un p'tit peu d'alpinism' sur son mont de Vénus ?
Sonneraient-ell's plus fort, ces divines trompettes,
Si, comm' tout un chacun, j'étais un peu tapette,
Si je me déhanchais comme une demoiselle
Et prenais tout à coup des allur's de gazelle ?
Mais je ne sache pas qu'ça profite à ces drôles
De jouer le jeu d' l'amour en inversant les rôles,
Qu'ça confère à ma gloire un' onc' de plus-valu',
Le crim' pédérastique, aujourd'hui, ne pai' plus.
Après c'tour d'horizon des mille et un' recettes
Qui vous val'nt à coup sûr les honneurs des gazettes,
J'aime mieux m'en tenir à ma premièr' façon
Et me gratter le ventre en chantant des chansons.
Si le public en veut, je les sors dare-dare,
S'il n'en veut pas je les remets dans ma guitare.
Refusant d'acquitter la rançon de la gloir',
Sur mon brin de laurier je m'endors comme un loir.
Depuis que l'homme écrit l'Histoire,
Depuis qu'il bataille à coeur joie
Entre mille et une guerr' notoires,
Si j'étais t'nu de faire un choix,
A l'encontre du vieil Homère,
Je déclarais tout de suit' :
" Moi, mon colon, cell' que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! "
Est-ce à dire que je méprise
Les nobles guerres de jadis,
Que je m' souci' comm' d'un' cerise
De celle de soixante-dix ?
Au contrair', je la révère
Et lui donne un satisfecit
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Je sais que les guerriers de Sparte
Plantaient pas leurs epé's dans l'eau,
Que les grognards de Bonaparte
Tiraient pas leur poudre aux moineaux...
Leurs faits d'armes sont légendaires,
Au garde-à-vous, je les félicit',
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Bien sûr, celle de l'an quarante
Ne m'as pas tout a fait déçu,
Elle fut longue et massacrante
Et je ne crache pas dessus,
Mais à mon sens, elle ne vaut guère,
Guèr' plus qu'un premier accessit,
Moi, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Mon but n'est pas de chercher noise
Au guérillas, non, fichtre ! non,
Guerres saintes, guerres sournoises,
Qui n'osent pas dire leur nom,
Chacune a quelque chos' pour plaire,
Chacune a son petit mérit',
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Du fond de son sac à malices,
Mars va sans doute, à l'occasion,
En sortir une - un vrai délice ! -
Qui me fera grosse impression...
En attendant je persévère
A dir' que ma guerr' favorit',
Cell', mon colon, que j' voudrais faire,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
La petite
Marguerite
Est tombé',
Singulière,
Du bréviaire
De l'abbé.
Trois pétales
De scandale
Sur l'autel,
Indiscrète
Pâquerette,
D'où vient-ell' ?
Dans l'enceinte
Sacro-sainte,
Quel émoi !
Quelle affaire,
Oui, ma chère,
Croyez-moi !
La frivole
Fleur qui vole,
Arrive en
Contrebande
Des plat's-bandes
Du couvent.
Notre Père
Qui, j'espère,
Etes aux cieux,
N'ayez cure
Des murmures
Malicieux.
La légère
Fleur, peuchère !
Ne vient pas
De nonnettes,
De cornettes
En sabbat.
Sachez, diantre !
Qu'un jour, entre
Deux ave,
Sur la pierre
D'un calvaire
Il l'a trouvé'.
Et l'a mise,
Chose admise
Par le ciel,
Sans ambages,
Dans les pages
Du missel.
Que ces messes
Basses cessent,
Je vous en prie.
Non, le prête
N'est pas traître
A Marie.
Que personne
Ne soupçonne,
Puis jamais,
La petite
Marguerite,
Ah ! ça mais...
Chez Jeanne, la Jeanne,
Son auberge est ouverte aux gens sans feu ni lieu,
On pourrait l'appeler l'auberge de Bon Dieu
S'il n'en existait pas une,
La dernière où l'on peut entrer
Sans frapper, sans montrer patte blanche...
Chez Jeanne, la Jeanne,
On est n'importe qui, on vient n'importe quand,
On est n'importe qui, on vient n'importe quand,
Et, comme par miracle, par enchantement,
On fait parti' de la famille,
Dans son coeur, en s' poussant un peu,
Reste encore une petite place...
La Jeanne, la Jeanne,
Elle est pauvre et sa table est souvent mal servie,
Du temps que régnait le Grand Pan,
Les dieux protégaient les ivrognes
Des tas de génies titubants
Au nez rouge, à la rouge trogne.
Dès qu'un homme vidait les cruchons,
Qu'un sac à vin faisait carousse
Ils venaient en bande à ses trousses
Compter les bouchons.
La plus humble piquette était alors bénie,
Distillée par Noé, Silène, et compagnie.
Le vin donnait un lustre au pire des minus,
Et le moindre pochard avait tout de Bacchus.
Refrain.
Mais en se touchant le crâne, en criant " J'ai trouvé "
La bande au professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les Dieux du Firmament.
Aujourd'hui ça et là, les gens boivent encore,
Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes.
Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes.
Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort.
Quand deux imbéciles heureux
S'amusaient à des bagatelles,
Un tas de génies amoureux
Venaient leur tenir la chandelle.
Du fin fond du champs élysées
Dès qu'ils entendaient un " Je t'aime ",
Ils accouraient à l'instant même
Compter les baisers.
La plus humble amourette
Etait alors bénie
Sacrée par Aphrodite, Eros, et compagnie.
L'amour donnait un lustre au pire des minus,
Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus.
Au refrain.
Aujourd'hui ça et là, les coeurs battent encore,
Et la règle du jeu de l'amour est la même.
Mais les dieux ne répondent plus de ceux qui s'aiment.
Vénus s'est faite femme, et le grand Pan est mort.
Et quand fatale sonnait l'heure
De prendre un linceul pour costume
Un tas de génies l'oeil en pleurs
Vous offraient des honneurs posthumes.
Et pour aller au céleste empire,
Dans leur barque ils venaient vous prendre.
C'était presque un plaisir de rendre
Le dernier soupir.
La plus humble dépouille était alors bénie,
Embarquée par Caron, Pluton et compagnie.
Au pire des minus, l'âme était accordée,
Et le moindre mortel avait l'éternité.
Au refrain.
Aujourd'hui ça et là, les gens passent encore,
Mais la tombe est hélas la dernière demeure
Les dieux ne répondent plus de ceux qui meurent.
La mort est naturelle, et le grand Pan est mort.
Et l'un des dernier dieux, l'un des derniers suprêmes,
Ne doit plus se sentir tellement bien lui-même
Un beau jour on va voir le Christ
Descendre du calvaire en disant dans sa lippe
" Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types.
J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste. "
Ayant avecques lui toujours fait bon mиnage
J'eusse aimи cиlиbrer sans йtre inconvenant
Tendre corps fиminin ton plus bel apanage
Que tous ceux qui l'ont vu disent hallucinant.
Ceшt иtи mon ultime chant mon chant du cygne
Mon dernier billet doux mon message d'adieu
Or malheureusement les mots qui le dиsignent
Le disputent ю l'exиcrable ю l'odieux.
C'est la grande pitiи de la langue franгaise
C'est son talon d'Achille et c'est son dиshonneur
De n'offrir que des mots entachиs de bassesse
A cette incomparable instrument de bonheur.
Alors que tant de fleurs ont des noms poиtiques
Tendre corps fиminin' c'est fort malencontreux
Que la fleur la plus douce la plus иrotique
Et la plus enivrante en ait de plus scabreux.
Mais le pire de tous est un petit vocable
De trois lettres pas plus familier coutumier
Il est inexplicable il est irrиvocable
Honte ю celui-lю qui l'employa le premier
Honte ю celui-lю qui par dиpit par gageure
Dota de mйme terme en son fiel venimeux
Ce grand ami de l'homme et la cinglante injure
Celui-lю c'est probable en иtait un fameux.
Misogyne ю coup sшr asexuи sans doute
Au charmes de Vиnus absolument rиtif
Etait ce bougre qui toute honte bue toute
Fit ce rapprochement d'ailleurs intempestif.
La malpeste soit de cette homonymie
C'est injuste madame et c'est dиsobligeant
Que ce morceau de roi de votre anatomie
Porte le mйme nom qu'une foule de gens.
Fasse le ciel dans un trait de gиnie
Un poхte inspirи que Pиgase soutient
Donne en effaгant d'un coup des siхcles d'avanie
A cette vraie merveille un joli nom chrиtien
En attendant madame il semblerait dommage
Et vos adorateurs en seraient tous peinиs
D'aller perdre de vue que pour lui rendre hommage
Il est d'autre moyen et que je les connais
Et que je les connais.
Ma mi', de grбce, ne mettons
Pas sous la gorge ю Cupidon
Sa propre flхche,
Tant d'amoureux l'ont essayи
Qui, de leur bonheur, ont payи
Ce sacrilхge...
Refrain
j'ai l'honneur de
Ne pas te demander ta main,
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin.
Laissons le champs libre au oiseaux,
Nous seront tous les deux priso-
nniers sur parole,
Au diable, les maнtresses queux
Qui attachent les coeurs aux queu's
Des casseroles!
refrain
Vиnus se fait vielle souvent
elle perd son latin devant
La lхchefrite
A aucun prix, moi je ne veux
Effeuiller dans le pot-au-feu
La marguerite.
refrain
On leur тte bien des attraits,
En dиvoilant trop les secrets
De Mиlusine.
L'encre des billets doux pбlit
Vite entre les feuillets des li-
vres de cuisine.
refrain
Il peut sembler de tout repos
De mettre ю l'ombre, au fond d'un pot
De confiture,
La joli' pomme dиfendu',
Mais elle est cuite, elle a perdu
Son goшt "nature".
refrain
De servante n'ai pas besoin,
Et du mиnage et de ses soins
Je t'en dispense...
Qu'en иternelle fiancиe,
A la dame de mes pensиe'
Toujours je pense...
refrain
Elle est ю toi cette chanson
Toi l'Auvergnat qui sans faгon
M'as donnи quatre bouts de bois
Quand dans ma vie il faisait froid
Toi qui m'as donnи du feu quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnиs
M'avaient fermи la porte au nez
Ce n'иtait rien qu'un feu de bois
Mais il m'avait chauffи le corps
Et dans mon бme il brшle encore
A la maniхr' d'un feu de joie.
Toi l'auvergnat quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise ю travers ciel
Au pхre иternel.
Elle est ю toi cette chanson
Toi l'hтtesse qui sans faгon
M'as donnи quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim
Toi qui m'ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnиs
S'amusaient a me voir jeшner
Ce n'иtait rien qu'un peu de pain
Mais il m'avait chauffи le corps
Et dans mon бme il brшle encore
A la maniхr' d'un grand festin.
Toi l'hтtesse quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise ю travers ciel
Au pхre иternel.
Elle est ю toi cette chanson
Toi l'иtranger qui sans faгon
D'un air malheureux m'as souri
Lorsque les gendarmes m'ont pris
Toi qui n'as pas applaudi quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnиs
Riaient de me voir emmener
Ce n'иtait rien qu'un peu de miel
Mais il m'avait chauffи le corps
Et dans mon бme il brшle encore
A la maniхr' d'un grand soleil.
Toi l'иtranger quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise ю travers ciel
Au pхre иternel.
Non ce n'иtait pas le radeau
De la mиduse ce bateau
Qu'on se le dis' au fond des ports
Dis' au fond des ports
Il naviguait en Pхr' Penard
Sur la grand-mare des canards
Et s'appelait les copains d'abord
Les copains d'abord.
Ses fluctuant nec mergitur
C'иtait pas d' la littиratur'
N'en dиplais' au jeteur de sort
Au jeteur de sort
Son capitaine et ses matelots
N'иtaient pas des enfants d' salaud
Mais des amis franco de port
Des copains d'abord.
C'иtaient pas des amis de lux'
Des petits Castor et Pollux
Des gens de Sodom' et Gomorrh'
Sodom' et Gomorrh'
C'иtaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boиtie
Sur le ventre il se tapaient fort
Les copains d'abord.
C'иtaient pas des anges non plus
L'иvangil' ils l'avaient pas lu
Mais ils s'aimaient tout's voil's dehors
Toutes voil's dehors
Jean Pierre Paul compagnie
C'иtait leur seule litanie
Leur Crиdo leur Confiteor
Aux copains d'abord.
Au moindre coup de Trafalgar
C'est l'amitiи qui prenait l' quart
Cest ell' qui leur montrait le nord
Leur montrait le nord
Et quand ils иtaient en dиtress'
Qu' leurs bras lanгaient des S.O.S.
On aurait dit des sиmaphores
Les copains d'abord.
Au rendez-vous des bons copains
Y avait pas souvent de lapins
Quand l'un d'entre eux manquait ю bord
C'est qu'il иtait mort
Oui mais jamais au grand jamais
Son trou dans l'eau n' se refermait
Cent ans aprхs coquin de sort
Il manquait encor.
Des bateaux j'en ai pris beaucoup
Mais le seul qui ait tenu le coup
Qui n'ait jamais virи de bord
Mais virи de bord
Navigait en Pхre Pиnard
Sur la grand-mare des canards
Et s'app'lait les copains d'abord
Les copains d'abord.
Les sabots d'Hиlхne
Etaient tout crottиs
Les trois capitaines l'auraient appelиe vilaine
Et la pauvre Hиlхne
Etait comme une бme en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hиlхne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De les dиchausser
Les sabots d'Hиlхn' moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rиcompensиe.
Dans les sabots de la pauvre Hиlхne
Dans ses sabots crottиs
Moi j'ai trouve les pieds d'une reine
Et je les ai gardиs.
Son jupon de laine
Etait tout mitи
Les trois capitaines l'auraient appelиe vilaine
Et la pauvre Hиlхne
Etait comme une бme en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hиlхne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De le retrousser
Le jupon d'Hиlхn' moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rиcompensиe.
Sous les jupons de la pauvre Hиlхne
Sous son jupon mitи
Moi j'ai trouve des jambes de reine
Et je les ai gardиs.
Et le coeur d'Hиlхne
Savait pas chanter
Les trois capitaines l'auraient appelиe vilaine
Et la pauvre Hиlхne
Etait comme une бme en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hиlхne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De m'y arreter
Dans le coeur d'Hиlхn' moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rиcompensиe.
Dans le coeur de la pauvre Hиlхne
Qu'avait jamais chantи
Moi j'ai trouve l'amour d'une reine
Et je l'ai gardи.
Jamais sur terre il n'y eut d'amoureux
Plus aveugle que moi dans tous les бges
Mais faut dir' qu' je m'иtait creuvи les yeux
En regardant de trop prхs son corsage.
Refrain
Un' jolie fleur dans une peau d' vache
Un' jolie vach' dиguisиe en fleur
Qui fait la belle et qui vous attache
Puis, qui vous mхn' par le bout du coeur.
Le ciel l'avait pourvue des mille appas
Qui vous font prendre feu dхs qu'on y touche
L'en avait tant que je ne savais pas
Ne savais plus oы donner de la bouche.
Ell' n'avait pas de tйte, ell' n'avait pas
L'esprit beaucoup plus grand qu'un dи ю coudre
Mais pour l'amour on ne demande pas
Aux fille d'avoir inventи la poudre.
Puis un jour elle a pris la clef des champs
En me laissant ю l'бme un mal funeste
Et toutes les herbes de la Saint-Jean
N'ont pas pu me guиrir de cette peste.
J' lui en ai bien voulu mais ю prиsent
J'ai plus d' rancune et mon coeur lui pardonne
D'avoir mis mon coeur ю feu et ю sang
Pour qu'il ne puisse plus servir ю personne.
Je n'avait jamais тtи mon chapeau
Devant personne
Maintenant je rampe et je fait le beau
Quand ell' me sonne
J'иtais chien mиchant ell' me fait manger
Dans sa menotte
J'avais des dents d' loup, je les ai changиes
Pour des quenottes!
Refrain
Je m' suis fait tout p'tit devant un' poupиe
Qui ferm' les yeux quand on la couche
Je m' suis fait tout p'tit devant un' poupиe
Qui fait Maman quand on la touche.
J'иtait dur ю cuire ell' m'a converti
La fine bouche
Et je suis tombи tout chaud, rтti
Contre sa bouche
Qui a des dents de lait quand elle sourit
Quand elle chante
Et des dents de loup, quand elle est furie
Qu'elle est mиchante.
(refrain)
Je subis sa loi, je file tout doux
Sous son empire
Bien qu'ell' soit jalouse au-delю de tout
Et meme pire
Un' jolie pervench' un jour en mourut
A coup d'ombrelle.
(refrain)
Tous les somnambules, tous les mages m'ont
Dit sans malice
Qu'en ses bras croix, je subirais mon
Dernier supplice
Il en est de pir's li en est d' meilleur's
Mais ю tout prendre
Qu'on se pende ici, qu'on se pende ailleurs
S'il faut se pendre.
(refrain)
Auprхs de mon arbre,
Je vivais heureux
J'aurais jamais dш m'иloigner d' mon arbre
Auprхs de mon arbre,
Je vivais heureux
J'aurais jamais dш le quitter des yeux.
J'ai plaquи mon chйne
Comme un saligaud
Mon copain le chйne
Mon alter ego
On иtait du mйme bois
Un peu rustique un peu brute
Dont on fait n'importe quoi
Sauf naturell'ment les flшtes
J'ai maint'nant des frйnes
Des arbr's de judиe
Tous de bonne graine
De haute futaie
Mais toi tu manque ю l'appel
Ma vieille branche de campagne
Mon seul arbre de Noкl
Mon mбt de cocagne.
refrain)
Je suis un pauvr' type
J'aurais plus de joie
J'ai jetи ma pipe
Ma vieill' pipe en bois
Qu'avait fumи sans s' fбcher
Sans jamais m'brшlи la lippe
L' tabac d' la vache enragиe
Dans sa bonn' vieill' tйt' de pipe
J'ai des pip's d'иcume
Ornиes de fleurons
De ces pip's qu'on fume
En levant le front
Mais j' retrouv'rai plus ma foi
Dans mon coeur ni sur ma lippe
Le goшt d' ma vieill' pip' en bois
Sacrи nom d'un' pipe.
(refrain)
Le surnom d'infбme
Me va comme un gant
D'avecques ma femme
J'ai foutu le camp
Parc' que depuis tant d'annиes
C'иtait un' sinиcure
De lui voir tout l' temps le nez
Au milieu de la figure
Je bas la campagne
Pour dиnicher la
Nouvelle compagne
Valant celles-lю
Qui, bien sшr, laissait beaucoup
Trop de pierr's dans les lentilles
Mais se pendait ю mon cou
Quand j' perdais mes billes.
(refrain)
J'avais un' mansarde
Comme logement
Avec des lиzardes
Sur le firmament
Je l'savais par coeur depuis
Et pour un baiser la course
J'emmenais mes bell's de nuits
Faire u tour sur la grande ourse
J'habit' plus d' mansarde
Il peut dиsormais
Tomber des hall'bardes
Je m'en bats l'oeil mais,
Mais si quelqu'un monte aux cieux
Moins que moi j'y paie des prunes
Y a cent sept ans qui dit mieux,
Qu' j'ai pas vu la lune!
(au refrain)
Quand j'ai couru chanter ma p'tite chanson pour Marinette
La belle, la traнtresse иtait allиe ю l'opиra
Avec ma p'tit chanson, j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec ma p'tit chanson, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru porte mon pot d' moutarde ю Marinette
La belle, la traнtresse avait dиjю fini d' dнner
Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con.
Quand j'offris pour иtrennes un' bicyclette ю Marinette
La belle, la traнtresse avait achetи une auto,
Avec mon p'tit vиlo, j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec mon p'tit vиlo, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru tout chose au rendez-vous de Marinette
La bell' disait: "J' t'adore" ю un sal' typ' qui l'embrassait
Avec mon bouquet d' fleurs, j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec mon bouquet d' fleurs, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru brшler la p'tit' cervelle ю Marinette
La belle etait dиjю morte d'un rhume mal placи,
Avec mon rиvolver, j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec mon rиvolver, j'avais l'air 6
Quand j'ai couru lugubre ю l'enterr'ment de Marinette
La belle, la traнtresse иtait dиjю rиssuscitиe
Avec ma p'tit couronn', j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec ma p'tit couronn', j'avais l'air d'un con.
C'est qui sont plaisant tous ces petits villages
Tous ces bourg ces hameaux ces lieux-dits ces citиs
Avec leurs chбteau forts leurs иglises leurs plages
Ils n'ont qu'un seul point faible et c'est йtre habitиs
E c'est йtre habitиs par des qui regardent
Le reste avec mиpris du haut de leurs remparts
La race des chauvins des porteurs de cocardes
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part.
Maudits soient ces enfants de leur mхre patrie
Empalиs une fois pour toute sur leur clocher
Qui vous montrent leurs tours leurs musиes leur mairie
Vous font voir du pays natal jusqu'ю loucher
Qu'ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sхte
Ou du diable vauvert ou de Zanzibar
Ou mйme de Montcuq il s'en flattent mazette
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part.
Le sable dans lequel douillettes leurs autruches
Enfouissent la tйte on trouve pas plus fin
Quand ю l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches
Leurs bulles de savon c'est du soufle divin
Et petit ю petit les voilю qui se montent
Le cou jusqu'ю penser que le crottin fait par
Les chevaux mйme en bois rend jaloux tout le monde
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part.
C'est pas un lieu commun celui de leur connaissance
Ils plaignent de tout coeur les malchanceux
Les petis maladroits qui n'eurent pas la prиsence
La prиsence d'esprit de voir le jour chez eux
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur prиcaire
Contre les иtrangers tous plus ou moins barbares
Ils sortent de leur trou pour mourir ю la guerre
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part.
Mon dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si on y rencontrait cette race incongrue
Cette race importune et qui partout fosonne
La race des gens du terroir des gens du cru
Que la vie serait belle en toutes circonstances
Si vous n'aviez tirи du nиant tous ces jobards
Preuve peut-йtre bien de votre inexistance
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part.
Une manie de vieux garгon
Moi j'ai pris l'habitude
D'agrиmnter ma sollitude
Aux accents de cette chanson
Refrain
Quand je pense ю Fernande
Je bande, je bande
Quand j' pense ю Felicie
Je bande aussi
quand j' pense ю Lиonor
Mon dieu je bande encore
Mais quand j' pense ю Lulu
Lю je ne bande plus
La bandaison papa
Ca n' se commande pas.
C'est une mбle ritournelle
Cette ancinne virile
Qui retentit dans la guиrite
De la vaillance иternelle.
Afin de tromper son cafard
De voir la vie moins terne
Tout en veillant sur sa lanterne
Chante ainsi le gardien de phare
Aprхs la priхre du soir
Comme il est un peu triste
Chante ainsi le sиminariste
A genoux sur son reposoire.
A l'Etoile oы j'иtait venu
Pour ranimer la flamme
J'entendis иmus jusqu'au larmes
La voix du soldat inconnu.
Et je vais mettre un point final
A ce chant salutaire
En suggиrant au solitaire
D'en faire un hymme national.
Si vous y tenez tant parlez-moi des affaires publiques
Encor que ce sujet me rende un peu mиlancolique
Parlez-m'en toujours je n' vous en tiendrai pas rigueur
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Fi des chantres bйlant qui taquine la muse иrotique
Des poхtes galants qui lхchent le cul d'Aphrodite
Des auteurs courtois qui vont en se frappant le cњur
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Naguхre mes idиe reposaient sur la non-violence
Mon agressivitи je l'avait rиduite au silence
Mais tout tourne court ma compagne иtait une gueuse
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Ancienne enfant trouvиe n'ayant connu pхre ni mхre
Coiffиe d'un chap'ron rouge ell' s'en fut ironie amхre
Porter soi_-disant une galette ю son aоeule
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Je l'attendis un soir je l'attendis jusqu'ю l'aurore
Je l'attendis un an pour peu je l'attendrais encore
Un loup de rencontre aura sиduite cette gueuse
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Cupidon ce salaup geste chez lui qui n'est pas rare
Avais trenpи sa flхche un petit peu dans le curare
Le philtre magique avait tout du bouillon d'onzes heures
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Ainsi qu'il est frиquent sous la blancheur de ses pиtales
La marguerite cachait une tarentule un crotale
Une vraie vipхre ю la fois lubrique et visqueuse
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Que le septiхme ciel sur ma pauvre tйte retombe
Lorsque le dиsespoir m'aura mis au bord de la tombe
Cet ultime discours s'exhalera de mon linceul
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Le petit joueur de flшteau
Menait la musique au chбteau
Pour la grбce de ses chansons
Le roi lui offrit un blason
Je ne veux pas йtre noble
Rиpondit lecroque-note
Avec un blason ю la clи
Mon la se mettrait ю gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flшte a trahi
Et mon pauvre petit clocher
Me semblerait trop bas perchи
Je ne plierais plus les genoux
Devant le bon Dieu de chez nous
Il faudrait ю ma grande бme
Tous les saints de Notre-Dame
Avec un иvйque ю la clи
Mon la se metrait ю gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flшte a trahi
Et la chambre oы j'ai vu la jour
Me serait un triste sиjour
Je quitterai mon lit mesquin
Pour une couche ю baldaquin
Je changerais ma chaumiхre
Pour une gentilhommiхre
Avec un manoir ю la clи
On dirait par tout le pays
Le joueur de flшte a trahi
Je serai honteux de mon sang
Des aоeux de qui je descends
On me verrait bouder dessus
La branche dont je suis issu
Je voudrais un magnifique
Arbre gиnиalogique
Avec du sang bleu a la clи
Mon la se mettrait a gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flшte a trahi
Je ne voudrais plus иpouser
Ma promise ma fiancиe
Je ne donnerais pas mon nom
A une quelconque Ninon
Il me faudrait pour compagne
La fille d'un grand d'Espagne
Avec un' princesse ю la clи
Mon la se mettrait ю gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flшte a trahi
Le petit joueur de flшteau
Fit la rиvиrence au chбteau
Sans armoiries sans parchemin
Sans gloire il se mit en chemin
Vers son clocher sa chaumine
Ses parents et sa promise
Nul ne dise dans le pays
Le joueur de flшte a trahi
Et Dieu reconnaisse pour sien
Le brave petit musicien
Il vivait en dehors des chemin forestier,
Ce n'иtait nullement un arbre de mиtier,
Il n'avait jamais vu l'ombre d'un bшcheron,
Ce grand chйne fier sur son tronc.
Il eшt connu des jours filиs d'or et de soie
Sans ses proches voisins, les pires gens qui soient;
Des roseaux mal pensant, pas mиme des bambous,
S'amusant ю le mettre ю bout.
Du matin jusqu'au soir ces petit rejetons,
Tout juste cann' ю pйch', ю peine mirlitons,
Lui tournant tout autour chantaient, in extenso,
L'histoire du chйne et du roseau.
Et, bien qu'il fшt en bois, les chйnes, c'est courant,
La fable ne le laissait pas indiffиrent.
Il advin que lassи d'йtre en but aux lazzi,
Il se rиsolue ю l'exi.
A grand-peine il sortit ses grands pieds de son trou
Et partit sans se retourner ni peu ni prou.
Mais, moi qui l'ai connu, je sais qu'il souffrit
De quitter l'ingrate patri'.
Le p'tit ch'val dans le mauvais temps
Qu'il avait donc du courrage!
C'иtait un petit cheval blanc
Tous derriхre, tous derriхre
C'иtait un petit cheval blanc
Tous derriхre et lui devant!
Il n'y avait jamais d' beau temps
Dans ce pauvre paysage!
Il n'y avait jamais d' printemps
Ni derriхre, ni derriхre,
Il n'y avait jamais d' printemps
Ni derriхre ni devant!
Mais toujours il иtait content
Menant les gars du village
A travers la pluie noire des champs
Tous derriхre, tous derriхre
A travers la pluie noire des champs
Tous derriхre et lui devant!
Sa voiture allait poursuivant
Sa bell' petit' queue sauvage
C'est alors qu'il иtait content
Tous derriхre, tous derriхre
C'est alors qu'il иtait content
Tous derriхre et lui devant!
Mais un jour dans le mauvais temps,
Un jour qu'il иtait sage
Il est mort par un иclair blanc
Tous derriхre, tous derriхre
Il est mort par un иclair blanc
Tous derriхre et lui devant!
Il est mort sans voir le beau temps
Qu'il avait donc du courrage!
Il est mort sans voir le printemps
Ni derriхre, ni derriхre
Il est mort sans voir le printemps
Ni derriхre, ni devant!
Paul FORT
Dites moy ou, n'en quel pays
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, nи Thaоs
Qui fut sa cousine germaine,
Echo parlant quand bruyt on maine
Dessus riviхre ou sus estan
Qui beaultи ot trop plus qu'humaine.
Mais ou sont les neiges d'antan?
Qui beaultи ot trop plus qu'humaine.
Mais ou sont les neiges d'antan?
Ou est trхs sage Hиlloоs,
Pour qui chastrи fut et puis moyne
Pierre Esbaillart a Saint Denis?
Pour son amour ot ceste essoyne.
Semblablement, ou est royne
Qui commanda que buridan
Fut getи en ung sac en Saine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
Fut getи en ung sac en Saine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
La royne blanche comme lis
Qui chantoit a voix de seraine,
Berte au grand piи, Bietris, Alis
Haremburgis qui tient le Maine,
Et Jehanne la bonne Lorraine
Qu'Englois br^ulхrent a Rouan;
Ou sont ilz, ou Vierge souveraine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
Ou sont ilz, ou Vierge souveraine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
Prince, n'enquиrez de sepmaine
Ou elles sont, ne de cest an,
Qu'a ce refrain ne vous remaine:
Mais ou sont les neiges d'antan?
Qu'a ce refrain en vous remaine;
Mais ou sont les neiges d'antan?
Franгois Villon
Rien n'est jamais acquis ю l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur. Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix.
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un иtrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux.
Sa vie Elle ressemble ю ces soldats sans armes
Qu'on avait habillиs pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir dиsoeuvrиs incertains,
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux.
Mon bel amour mon cher amour ma dиchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blиssи
Et ceux-lю sans savoir nous regarde passer
Rиpиtant aprхs moi les mots que j'ai tressиs
Et qui pour tes grands yeux tout aussitтt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux.
Le temps d'apprendre ю vivre il est dиjю trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs ю l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux.
Louis ARAGON.
On les r'trouve en racourci
Dans nos p'tits amours d'un jour,
Tout's les joies, tous les soucis,
Des amours qui dur'nt toujours
C'est lю l'sort de la marine
Et de tout's nos petit's chиries.
On accoste, vite un bec,
Pour nos baisers, l'corps avec!
Et les joies et les bouderies,
Les fбcheries, les bons retours,
On les r'trouve en racourci
Dans nos p'tits amours d'un jour.
On a ri, on s'est baisи,
sur les neunњils, sur les nиnиs,
Dans les ch'veux ю pleins bиcots
Pondus comm' des њufs, tout chauds!
Tout c'qu'on fait dans un seul jour
Et comme on allonge le temps,
Plus d'trois fois dans un seul jour,
Content, pas content, content!
Y a dans la chambre une odeur
D'amour tendre et de goudron.
Ca vous met la joies dans le cњur
La peine aussi et c'est bon.
On n'est pas la pour causer,
Mais on pens' mйm' dans l'amour
On pens' que d'main y f'ra jour
Et qu'c'est un' calamitи.
C'est lю l'sort de la marine,
Et de tout's nos petit's chиries,
On accost' mais on devine
Qu'гa s'ra pas le paradis!
On aura beau s'dиpиcher
Fair' bon dieu, la pige au temps,
Et l'bourrer d'tous nos pйchиs
Ca n's'ra pas гa et pourtant...
Tout's les joies, tous les soucis,
Des amours qui dur'nt toujours,
On les r'trouvent en raccourci
Dans nos p'tits amours d'un jour.
Paul FORT.
Il avait nom corne d'Aurochs, au guи, au guи
Tout l' mond' peut pas s'app'ler Durand, au guи, au guи
En le regardant avec un oeil de poхte,
On aurait pu croire ю son frontal de prophхte,
Qu'il avait les grand's eaux de Versaill's dans la tйte
Corne d'Aurochs.
Mais que le bon dieu lui pardonne, au guи, au guи
C'иtaient celles du robinet; au guи, au guи
On aurait pu croire en l' voyant penchи sur l'onde
Qu'il se plongeait dans des mиditations profondes,
Sur l'aspect fugitif des choses de se monde
Corne d'Aurochs.
C'иtaient hиlas pour s'assurer, au guи, au guи
Qu' le vent n' l'avait pas dиcoiffи, au guи, au guи
Il proclamait ю son de trompe ю tous les carrefours
"Il n'y a qu' les imbиciles qui sachent bien faire l'amour,
La virtuositи c'est une affaire de balourds!"
Corne d'Aurochs.
Il potassait ю la chandelle, au guи, au guи
Des traitиs de maitien sexuel, au guи, au guи
Et sur les femm's nues des musиes, au guи, au guи
Faisait l' brouillon de ses baisers, au guи, au guи
Et bientтt petit ю petit, au guи, au guи
On a tout su, tout su de lui, au guи, au guи
On a su qu'il иtait enfant de la Patrie
Qu'il иtait incapable de risquer sa vie
Pour cueillir un myosotis ю une fille
Corne d'Aurochs.
Qu'il avait un p'tit cousin, au guи, au guи
Haut placи chez les argousins, au guи, au guи
Et que les jours de pиnurie, au guи, au guи
Il prenait ses repas chez lui, au guи, au guи
C'est mйme en revenant d' chez cet antipathique
Qu'il tomba victime d'une indigestion critique
Et refusa l' secours de la thиrapeutique
Corne d'Aurochs.
Parce que c'иtait un All'mand, au guи, au guи
Qu'on devait le mиdicament, au guи, au guи
Il rendit comm' il put son бme machinale
Et sa vie n'ayant pas иtи originale
L'Etat lui fit des funиrailles nationales
Corne d'Aurochs.
Alors sa veuve en gиmissant, au guи, au guи
Coucha avec son remplaгant, au guи, au guи.
Au marchи de Briv'-la-Gaillarde
A propos de bottes d'oignons,
Quelques douzaines de gaillardes
Se crйpaient un jour le chignon.
A pied, a cheval, en voiture,
Les gendarmes mal inspirиs
Vinrent pour tenter l'aventure
D'interrompre l'иchauffourиe.
Or, sous tous les cieux sans vergogne,
C'est un usag' bien иtabli,
D‚s qu'il s'agit d' rosser les cognes
Tout le monde se rиconcilie.
Ces furies perdant tout' mesure
Se ruхrent sur les guignols,
Et donnхrent je vous l'assure
Un spectacle assez croquignol.
En voyant ces braves pendores
Etre ю deux doigts de succomber,
Moi, j' bichais car je les adore
Sous la forme de macchabиes
De la mansarde oы je rиside
J'exitais les farouches bras
Des mиgхres gendarmicides
En criant: "Hip, hip, hip, hourra!"
Frиnиtiqu' l'un' d'elles attache
Le vieux marиchal des logis
Et lui fait crier: "Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l'anarchie!"
Une autre fourre avec rudesse
Le crбne d'un de ses lourdauds
Entre ses gigantesques fesses
Quelles serre comme un иtau.
La plus grasse de ses femelles
Ouvrant son corsage dilatи
Matraque ю grand coup de mamelles
Ceux qui passe ю sa portиe.
Ils tombent, tombent, tombent, tombent,
Et s'lon les avis compиtents
Il paraнt que cette hиcatombe
Fut la plus bell' de tous les temps.
Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons,
Ces furies comme outrage ultime
En retournant ю leurs oignons,
Ces furies ю peine si j'ose
Le dire tellement c'est bas,
Leur auraient mйm' coupи les choses
Par bonheur ils n'en avait pas.
Leur auraient mйm' coupи les choses
Par bonheur ils n'en avait pas.
En ce temps-lю, je vivais dans la lune
Les bonheurs d'ici-bas m'иtaient tous dиfendus
Je semais des violettes et chantais pour des prunes
Et tendais la patte aux chats perdus.
Refrain
Ah ah ah ah putain de toi
Ah ah ah ah ah ah pauvre de moi...
Un soir de pluie v'lю qu'on gratte ю ma porte
Je m'empresse d'ouvrir, sans doute un nouveau chat!
Nom de dieu l' beau fиlin que l'orage m'apporte
C'иtait toi, c'иtait toi, c'иtait toi.
Les yeux fendus et couleur pistache
T'as posи sur mon coeur ta patte de velours
Fort heureus'ment pour moi t'avais pas de moustache
Et ta vertu ne pesait pas trop lourd.
Au quatre coins de ma vie de bohхme
T'as prom'nи, t'as prom'nи le feu de tes vingt ans.
Et pour moi, pour mes chats, pour mes fleurs, mes poхmes
C'иtait toi la pluie et le beau temps...
Mais le temps passe et fauche ю l'aveuglette.
Notre amour mшrissait ю peine que dиjю,
Tu brшlais mes chansons, crachais sur mes viollettes,
Et faisais des misaires ю mes chats.
Le comble enfin, misиrable salope.
Comme il n' restait plus rien dans le garde-manger,
T'as couru sans vergogne, et pour une escalope,
Te jeter dans le lit du boucher.
C'иtait fini, t'avais passи les bornes.
Et, r'nonгant aux amours frivoles d'ici-bas,
J' suis r'montи dans la lune en emportant mes cornes,
Mes chansons, et mes fleurs, et mes chats.
La camarde qui ne m'a jamais pardonne
d'avoir seme des fleurs dans les trous de son nez
me poursuit d'un zele imbecile
Alors cerne de pres par les enterrements
j'ai cru bon de remettre a jour mon testament
de me payer un codicile
Trempe dans l'encre bleue du golfe du lion
trempe trempe ta plume o mon vieux tabellion
et de ta plus belle ecriture
Note ce qu'il faudrait qu'il advint de mon corps
lorsque mon ame et lui ne seront plus d'accord
que sur un seul point la rupture
Quand mon ame aura prit son vol a l'horizon
vers celles de gavroche et de mimi pinson
celles des titis, des grisettes
Adieu les plumes ! adieu les ailes !
Les chasseurs à l'affût
Te tireront dessus,
De tes amours, y en aura plus.
* Si c'est mon triste lot
De faire un trou dans l'eau,
Racontez à la belle
Que je suis mort fidèle,
Et qu'ell' daigne à son tour
Attendre quelques jours
Pour filer de nouvell's amours.
Poème de Paul Fort
Si le Bon Dieu l'avait voulu - lanturette, lanturlu, - j'aurais connu la
Cléopâtre, et je t'aurais pas connue. J'aurais connu la Cléopâtre,
et je
ne t'aurais pas connue. Sans ton amour que j'idolâtre, las ! que fussé-
je devenu ?
Si le Bon Dieu l'avait voulu, j'aurais connu la Messaline, Agnès, Odette
et Mélusine, et je ne t'aurais pas connue. J'aurais connu la Pompadour,
Noémi, Sarah, Rebecca, la Fille du Royal Tambour, et la Mogador et
Clara.
Mais le Bon Dieu n'a pas voulu que je connaisse leurs amours, je t'ai
connue, tu m'as connu - gloire à Dieu au plus haut des nues ! - Las !
que fussé-je devenu sans toi la nuit, sans toi le jour ? Je t'ai connue,
tu m'as connu - gloire à Dieu au plus haut des nues !
Quand ils sont tout neufs,
Qu'ils sortent de l'oeuf,
Du cocon,
Tous les jeunes blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons.
Quand ils sont d'venus
Des têtes chenu's,
Des grisons,
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunots
Pour des cons.
Moi, qui balance entre deux âges,
J' leur adresse à tous un message :
Le temps ne fait rien à l'affaire,
Quand on est con, on est con.
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père,
Quand on est con, on est con.
Entre vous, plus de controverses,
Cons caducs ou cons débutants,
Petits cons d' la dernière averse,
Vieux cons des neiges d'antan.
Vous, les cons naissants,
Les cons innocents,
Les jeun's cons
Qui n' le niez pas,
Prenez les papas
Pour des cons,
Vous, les cons âgés,
Les cons usagés,
Les vieux cons
Qui, confessez-le,
Prenez les p'tits bleus
Pour des cons,
Méditez l'impartial message
D'un type qui balance entre deux âges :
Bien que ces vaches de bourgeois
Les appell'nt des filles de joi'
C'est pas tous les jours qu'ell's rigolent,
Parole, parole,
C'est pas tous les jours qu'elles rigolent.
Car, même avec des pieds de grues,
Fair' les cent pas le long des rues
C'est fatigant pour les guibolles,
Parole, parole,
C'est fatigant pour les guibolles.
Non seulement ell's ont des cors,
Des oeils-de-perdrix, mais encor
C'est fou ce qu'ell's usent de grolles,
Parole, parole,
C'est fou ce qu'ell's usent de grolles.
Y'a des clients, y'a des salauds
Qui se trempent jamais dans l'eau.
Faut pourtant qu'elles les cajolent,
Parole, parole,
Faut pourtant qu'elles les cajolent.
Qu'ell's leur fasse la courte échell'
Pour monter au septième ciel.
Les sous, croyez pas qu'ell's les volent,
Parole, parole,
Les sous, croyez pas qu'ell's les volent.
Ell's sont méprisé's du public,
Ell's sont bousculé's par les flics,
Et menacé's de la vérole,
Parole, parole,
Et menacé's de la vérole.
Bien qu' tout' la vie ell's fass'nt l'amour,
Qu'ell's se marient vingt fois par jour,
La noce est jamais pour leur fiole,
Parole, parole,
La noce est jamais pour leur fiole.
Bien qu' tout' la vie ell's fass'nt l'amour,
Qu'ell's se marient vingt fois par jour,
La noce est jamais pour leur fiole,
Parole, parole,
La noce est jamais pour leur fiole.
Fils de pécore et de minus,
Ris par de la pauvre Vénus,
La pauvre vieille casserole,
Parole, parole,
La pauvre vieille casserole.
Il s'en fallait de peu, mon cher,
Que cett' putain ne fût ta mère,
Cette putain dont tu rigoles,
Parole, parole,
Cette putain dont tu rigoles.
Je vivais à l'écart de la place publique,
Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique...
Refusant d'acquitter la rançon de la gloir',
Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir.
Les gens de bon conseil ont su me fair' comprendre
Qu'à l'homme de la ru' j'avais des compt's à rendre
Et que, sous peine de choir dans un oubli complet,
J' devais mettre au grand jour tous mes petits secrets.
Refrain
Trompettes
De la Renommée,
Vous êtes
Bien mal embouchées !
Manquant à la pudeur la plus élémentaire,
Dois-je, pour les besoins d' la caus' publicitaire,
Divulguer avec qui, et dans quell' position
Je plonge dans le stupre et la fornication ?
Si je publi' des noms, combien de Pénélopes
Passeront illico pour de fieffé's salopes,
Combien de bons amis me r'gard'ront de travers,
Combien je recevrai de coups de revolver !
A toute exhibition, ma nature est rétive,
Souffrant d'un' modesti' quasiment maladive,
Je ne fais voir mes organes procréateurs
A personne, excepté mes femm's et mes docteurs.
Dois-je, pour défrayer la chroniqu' des scandales,
Battre l' tambour avec mes parti's génitales,
Dois-je les arborer plus ostensiblement,
Comme un enfant de choeur porte un saint sacrement ?
Une femme du monde, et qui souvent me laisse
Fair' mes quat' voluptés dans ses quartiers d' noblesse,
M'a sournois'ment passé, sur son divan de soi',
Des parasit's du plus bas étage qui soit...
Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame,
Ai-j' le droit de ternir l'honneur de cette dame
En criant sur les toits, et sur l'air des lampions :
" Madame la marquis' m'a foutu des morpions ! " ?
Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente
Avec le Pèr' Duval, la calotte chantante,
Lui, le catéchumène, et moi, l'énergumèn',
Il me laisse dire merd', je lui laiss' dire amen,
En accord avec lui, dois-je écrir' dans la presse
Qu'un soir je l'ai surpris aux genoux d' ma maîtresse,
Chantant la mélopé' d'une voix qui susurre,
Tandis qu'ell' lui cherchait des poux dans la tonsure ?
Avec qui, ventrebleu ! faut-il que je couche
Pour fair' parler un peu la déesse aux cent bouches ?
Faut-il qu'un' femme célèbre, une étoile, une star,
Vienn' prendre entre mes bras la plac' de ma guitar' ?
Pour exciter le peuple et les folliculaires,
Qui'est-c' qui veut me prêter sa croupe populaire,
Qui'est-c' qui veut m' laisser faire, in naturalibus,
Un p'tit peu d'alpinism' sur son mont de Vénus ?
Sonneraient-ell's plus fort, ces divines trompettes,
Si, comm' tout un chacun, j'étais un peu tapette,
Si je me déhanchais comme une demoiselle
Et prenais tout à coup des allur's de gazelle ?
Mais je ne sache pas qu'ça profite à ces drôles
De jouer le jeu d' l'amour en inversant les rôles,
Qu'ça confère à ma gloire un' onc' de plus-valu',
Le crim' pédérastique, aujourd'hui, ne pai' plus.
Après c'tour d'horizon des mille et un' recettes
Qui vous val'nt à coup sûr les honneurs des gazettes,
J'aime mieux m'en tenir à ma premièr' façon
Et me gratter le ventre en chantant des chansons.
Si le public en veut, je les sors dare-dare,
S'il n'en veut pas je les remets dans ma guitare.
Refusant d'acquitter la rançon de la gloir',
Sur mon brin de laurier je m'endors comme un loir.
Depuis que l'homme écrit l'Histoire,
Depuis qu'il bataille à coeur joie
Entre mille et une guerr' notoires,
Si j'étais t'nu de faire un choix,
A l'encontre du vieil Homère,
Je déclarais tout de suit' :
" Moi, mon colon, cell' que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! "
Est-ce à dire que je méprise
Les nobles guerres de jadis,
Que je m' souci' comm' d'un' cerise
De celle de soixante-dix ?
Au contrair', je la révère
Et lui donne un satisfecit
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Je sais que les guerriers de Sparte
Plantaient pas leurs epé's dans l'eau,
Que les grognards de Bonaparte
Tiraient pas leur poudre aux moineaux...
Leurs faits d'armes sont légendaires,
Au garde-à-vous, je les félicit',
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Bien sûr, celle de l'an quarante
Ne m'as pas tout a fait déçu,
Elle fut longue et massacrante
Et je ne crache pas dessus,
Mais à mon sens, elle ne vaut guère,
Guèr' plus qu'un premier accessit,
Moi, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Mon but n'est pas de chercher noise
Au guérillas, non, fichtre ! non,
Guerres saintes, guerres sournoises,
Qui n'osent pas dire leur nom,
Chacune a quelque chos' pour plaire,
Chacune a son petit mérit',
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Du fond de son sac à malices,
Mars va sans doute, à l'occasion,
En sortir une - un vrai délice ! -
Qui me fera grosse impression...
En attendant je persévère
A dir' que ma guerr' favorit',
Cell', mon colon, que j' voudrais faire,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
La petite
Marguerite
Est tombé',
Singulière,
Du bréviaire
De l'abbé.
Trois pétales
De scandale
Sur l'autel,
Indiscrète
Pâquerette,
D'où vient-ell' ?
Dans l'enceinte
Sacro-sainte,
Quel émoi !
Quelle affaire,
Oui, ma chère,
Croyez-moi !
La frivole
Fleur qui vole,
Arrive en
Contrebande
Des plat's-bandes
Du couvent.
Notre Père
Qui, j'espère,
Etes aux cieux,
N'ayez cure
Des murmures
Malicieux.
La légère
Fleur, peuchère !
Ne vient pas
De nonnettes,
De cornettes
En sabbat.
Sachez, diantre !
Qu'un jour, entre
Deux ave,
Sur la pierre
D'un calvaire
Il l'a trouvé'.
Et l'a mise,
Chose admise
Par le ciel,
Sans ambages,
Dans les pages
Du missel.
Que ces messes
Basses cessent,
Je vous en prie.
Non, le prête
N'est pas traître
A Marie.
Que personne
Ne soupçonne,
Puis jamais,
La petite
Marguerite,
Ah ! ça mais...
Chez Jeanne, la Jeanne,
Son auberge est ouverte aux gens sans feu ni lieu,
On pourrait l'appeler l'auberge de Bon Dieu
S'il n'en existait pas une,
La dernière où l'on peut entrer
Sans frapper, sans montrer patte blanche...
Chez Jeanne, la Jeanne,
On est n'importe qui, on vient n'importe quand,
On est n'importe qui, on vient n'importe quand,
Et, comme par miracle, par enchantement,
On fait parti' de la famille,
Dans son coeur, en s' poussant un peu,
Reste encore une petite place...
La Jeanne, la Jeanne,
Elle est pauvre et sa table est souvent mal servie,
Du temps que régnait le Grand Pan,
Les dieux protégaient les ivrognes
Des tas de génies titubants
Au nez rouge, à la rouge trogne.
Dès qu'un homme vidait les cruchons,
Qu'un sac à vin faisait carousse
Ils venaient en bande à ses trousses
Compter les bouchons.
La plus humble piquette était alors bénie,
Distillée par Noé, Silène, et compagnie.
Le vin donnait un lustre au pire des minus,
Et le moindre pochard avait tout de Bacchus.
Refrain.
Mais en se touchant le crâne, en criant " J'ai trouvé "
La bande au professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les Dieux du Firmament.
Aujourd'hui ça et là, les gens boivent encore,
Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes.
Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes.
Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort.
Quand deux imbéciles heureux
S'amusaient à des bagatelles,
Un tas de génies amoureux
Venaient leur tenir la chandelle.
Du fin fond du champs élysées
Dès qu'ils entendaient un " Je t'aime ",
Ils accouraient à l'instant même
Compter les baisers.
La plus humble amourette
Etait alors bénie
Sacrée par Aphrodite, Eros, et compagnie.
L'amour donnait un lustre au pire des minus,
Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus.
Au refrain.
Aujourd'hui ça et là, les coeurs battent encore,
Et la règle du jeu de l'amour est la même.
Mais les dieux ne répondent plus de ceux qui s'aiment.
Vénus s'est faite femme, et le grand Pan est mort.
Et quand fatale sonnait l'heure
De prendre un linceul pour costume
Un tas de génies l'oeil en pleurs
Vous offraient des honneurs posthumes.
Et pour aller au céleste empire,
Dans leur barque ils venaient vous prendre.
C'était presque un plaisir de rendre
Le dernier soupir.
La plus humble dépouille était alors bénie,
Embarquée par Caron, Pluton et compagnie.
Au pire des minus, l'âme était accordée,
Et le moindre mortel avait l'éternité.
Au refrain.
Aujourd'hui ça et là, les gens passent encore,
Mais la tombe est hélas la dernière demeure
Les dieux ne répondent plus de ceux qui meurent.
La mort est naturelle, et le grand Pan est mort.
Et l'un des dernier dieux, l'un des derniers suprêmes,
Ne doit plus se sentir tellement bien lui-même
Un beau jour on va voir le Christ
Descendre du calvaire en disant dans sa lippe
" Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types.
J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste. "
Ayant avecques lui toujours fait bon mиnage
J'eusse aimи cиlиbrer sans йtre inconvenant
Tendre corps fиminin ton plus bel apanage
Que tous ceux qui l'ont vu disent hallucinant.
Ceшt иtи mon ultime chant mon chant du cygne
Mon dernier billet doux mon message d'adieu
Or malheureusement les mots qui le dиsignent
Le disputent ю l'exиcrable ю l'odieux.
C'est la grande pitiи de la langue franгaise
C'est son talon d'Achille et c'est son dиshonneur
De n'offrir que des mots entachиs de bassesse
A cette incomparable instrument de bonheur.
Alors que tant de fleurs ont des noms poиtiques
Tendre corps fиminin' c'est fort malencontreux
Que la fleur la plus douce la plus иrotique
Et la plus enivrante en ait de plus scabreux.
Mais le pire de tous est un petit vocable
De trois lettres pas plus familier coutumier
Il est inexplicable il est irrиvocable
Honte ю celui-lю qui l'employa le premier
Honte ю celui-lю qui par dиpit par gageure
Dota de mйme terme en son fiel venimeux
Ce grand ami de l'homme et la cinglante injure
Celui-lю c'est probable en иtait un fameux.
Misogyne ю coup sшr asexuи sans doute
Au charmes de Vиnus absolument rиtif
Etait ce bougre qui toute honte bue toute
Fit ce rapprochement d'ailleurs intempestif.
La malpeste soit de cette homonymie
C'est injuste madame et c'est dиsobligeant
Que ce morceau de roi de votre anatomie
Porte le mйme nom qu'une foule de gens.
Fasse le ciel dans un trait de gиnie
Un poхte inspirи que Pиgase soutient
Donne en effaгant d'un coup des siхcles d'avanie
A cette vraie merveille un joli nom chrиtien
En attendant madame il semblerait dommage
Et vos adorateurs en seraient tous peinиs
D'aller perdre de vue que pour lui rendre hommage
Il est d'autre moyen et que je les connais
Et que je les connais.
Ma mi', de grбce, ne mettons
Pas sous la gorge ю Cupidon
Sa propre flхche,
Tant d'amoureux l'ont essayи
Qui, de leur bonheur, ont payи
Ce sacrilхge...
Refrain
j'ai l'honneur de
Ne pas te demander ta main,
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin.
Laissons le champs libre au oiseaux,
Nous seront tous les deux priso-
nniers sur parole,
Au diable, les maнtresses queux
Qui attachent les coeurs aux queu's
Des casseroles!
refrain
Vиnus se fait vielle souvent
elle perd son latin devant
La lхchefrite
A aucun prix, moi je ne veux
Effeuiller dans le pot-au-feu
La marguerite.
refrain
On leur тte bien des attraits,
En dиvoilant trop les secrets
De Mиlusine.
L'encre des billets doux pбlit
Vite entre les feuillets des li-
vres de cuisine.
refrain
Il peut sembler de tout repos
De mettre ю l'ombre, au fond d'un pot
De confiture,
La joli' pomme dиfendu',
Mais elle est cuite, elle a perdu
Son goшt "nature".
refrain
De servante n'ai pas besoin,
Et du mиnage et de ses soins
Je t'en dispense...
Qu'en иternelle fiancиe,
A la dame de mes pensиe'
Toujours je pense...
refrain
Elle est ю toi cette chanson
Toi l'Auvergnat qui sans faгon
M'as donnи quatre bouts de bois
Quand dans ma vie il faisait froid
Toi qui m'as donnи du feu quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnиs
M'avaient fermи la porte au nez
Ce n'иtait rien qu'un feu de bois
Mais il m'avait chauffи le corps
Et dans mon бme il brшle encore
A la maniхr' d'un feu de joie.
Toi l'auvergnat quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise ю travers ciel
Au pхre иternel.
Elle est ю toi cette chanson
Toi l'hтtesse qui sans faгon
M'as donnи quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim
Toi qui m'ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnиs
S'amusaient a me voir jeшner
Ce n'иtait rien qu'un peu de pain
Mais il m'avait chauffи le corps
Et dans mon бme il brшle encore
A la maniхr' d'un grand festin.
Toi l'hтtesse quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise ю travers ciel
Au pхre иternel.
Elle est ю toi cette chanson
Toi l'иtranger qui sans faгon
D'un air malheureux m'as souri
Lorsque les gendarmes m'ont pris
Toi qui n'as pas applaudi quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnиs
Riaient de me voir emmener
Ce n'иtait rien qu'un peu de miel
Mais il m'avait chauffи le corps
Et dans mon бme il brшle encore
A la maniхr' d'un grand soleil.
Toi l'иtranger quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise ю travers ciel
Au pхre иternel.
Non ce n'иtait pas le radeau
De la mиduse ce bateau
Qu'on se le dis' au fond des ports
Dis' au fond des ports
Il naviguait en Pхr' Penard
Sur la grand-mare des canards
Et s'appelait les copains d'abord
Les copains d'abord.
Ses fluctuant nec mergitur
C'иtait pas d' la littиratur'
N'en dиplais' au jeteur de sort
Au jeteur de sort
Son capitaine et ses matelots
N'иtaient pas des enfants d' salaud
Mais des amis franco de port
Des copains d'abord.
C'иtaient pas des amis de lux'
Des petits Castor et Pollux
Des gens de Sodom' et Gomorrh'
Sodom' et Gomorrh'
C'иtaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boиtie
Sur le ventre il se tapaient fort
Les copains d'abord.
C'иtaient pas des anges non plus
L'иvangil' ils l'avaient pas lu
Mais ils s'aimaient tout's voil's dehors
Toutes voil's dehors
Jean Pierre Paul compagnie
C'иtait leur seule litanie
Leur Crиdo leur Confiteor
Aux copains d'abord.
Au moindre coup de Trafalgar
C'est l'amitiи qui prenait l' quart
Cest ell' qui leur montrait le nord
Leur montrait le nord
Et quand ils иtaient en dиtress'
Qu' leurs bras lanгaient des S.O.S.
On aurait dit des sиmaphores
Les copains d'abord.
Au rendez-vous des bons copains
Y avait pas souvent de lapins
Quand l'un d'entre eux manquait ю bord
C'est qu'il иtait mort
Oui mais jamais au grand jamais
Son trou dans l'eau n' se refermait
Cent ans aprхs coquin de sort
Il manquait encor.
Des bateaux j'en ai pris beaucoup
Mais le seul qui ait tenu le coup
Qui n'ait jamais virи de bord
Mais virи de bord
Navigait en Pхre Pиnard
Sur la grand-mare des canards
Et s'app'lait les copains d'abord
Les copains d'abord.
Les sabots d'Hиlхne
Etaient tout crottиs
Les trois capitaines l'auraient appelиe vilaine
Et la pauvre Hиlхne
Etait comme une бme en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hиlхne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De les dиchausser
Les sabots d'Hиlхn' moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rиcompensиe.
Dans les sabots de la pauvre Hиlхne
Dans ses sabots crottиs
Moi j'ai trouve les pieds d'une reine
Et je les ai gardиs.
Son jupon de laine
Etait tout mitи
Les trois capitaines l'auraient appelиe vilaine
Et la pauvre Hиlхne
Etait comme une бme en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hиlхne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De le retrousser
Le jupon d'Hиlхn' moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rиcompensиe.
Sous les jupons de la pauvre Hиlхne
Sous son jupon mitи
Moi j'ai trouve des jambes de reine
Et je les ai gardиs.
Et le coeur d'Hиlхne
Savait pas chanter
Les trois capitaines l'auraient appelиe vilaine
Et la pauvre Hиlхne
Etait comme une бme en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hиlхne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De m'y arreter
Dans le coeur d'Hиlхn' moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rиcompensиe.
Dans le coeur de la pauvre Hиlхne
Qu'avait jamais chantи
Moi j'ai trouve l'amour d'une reine
Et je l'ai gardи.
Jamais sur terre il n'y eut d'amoureux
Plus aveugle que moi dans tous les бges
Mais faut dir' qu' je m'иtait creuvи les yeux
En regardant de trop prхs son corsage.
Refrain
Un' jolie fleur dans une peau d' vache
Un' jolie vach' dиguisиe en fleur
Qui fait la belle et qui vous attache
Puis, qui vous mхn' par le bout du coeur.
Le ciel l'avait pourvue des mille appas
Qui vous font prendre feu dхs qu'on y touche
L'en avait tant que je ne savais pas
Ne savais plus oы donner de la bouche.
Ell' n'avait pas de tйte, ell' n'avait pas
L'esprit beaucoup plus grand qu'un dи ю coudre
Mais pour l'amour on ne demande pas
Aux fille d'avoir inventи la poudre.
Puis un jour elle a pris la clef des champs
En me laissant ю l'бme un mal funeste
Et toutes les herbes de la Saint-Jean
N'ont pas pu me guиrir de cette peste.
J' lui en ai bien voulu mais ю prиsent
J'ai plus d' rancune et mon coeur lui pardonne
D'avoir mis mon coeur ю feu et ю sang
Pour qu'il ne puisse plus servir ю personne.
Je n'avait jamais тtи mon chapeau
Devant personne
Maintenant je rampe et je fait le beau
Quand ell' me sonne
J'иtais chien mиchant ell' me fait manger
Dans sa menotte
J'avais des dents d' loup, je les ai changиes
Pour des quenottes!
Refrain
Je m' suis fait tout p'tit devant un' poupиe
Qui ferm' les yeux quand on la couche
Je m' suis fait tout p'tit devant un' poupиe
Qui fait Maman quand on la touche.
J'иtait dur ю cuire ell' m'a converti
La fine bouche
Et je suis tombи tout chaud, rтti
Contre sa bouche
Qui a des dents de lait quand elle sourit
Quand elle chante
Et des dents de loup, quand elle est furie
Qu'elle est mиchante.
(refrain)
Je subis sa loi, je file tout doux
Sous son empire
Bien qu'ell' soit jalouse au-delю de tout
Et meme pire
Un' jolie pervench' un jour en mourut
A coup d'ombrelle.
(refrain)
Tous les somnambules, tous les mages m'ont
Dit sans malice
Qu'en ses bras croix, je subirais mon
Dernier supplice
Il en est de pir's li en est d' meilleur's
Mais ю tout prendre
Qu'on se pende ici, qu'on se pende ailleurs
S'il faut se pendre.
(refrain)
Auprхs de mon arbre,
Je vivais heureux
J'aurais jamais dш m'иloigner d' mon arbre
Auprхs de mon arbre,
Je vivais heureux
J'aurais jamais dш le quitter des yeux.
J'ai plaquи mon chйne
Comme un saligaud
Mon copain le chйne
Mon alter ego
On иtait du mйme bois
Un peu rustique un peu brute
Dont on fait n'importe quoi
Sauf naturell'ment les flшtes
J'ai maint'nant des frйnes
Des arbr's de judиe
Tous de bonne graine
De haute futaie
Mais toi tu manque ю l'appel
Ma vieille branche de campagne
Mon seul arbre de Noкl
Mon mбt de cocagne.
refrain)
Je suis un pauvr' type
J'aurais plus de joie
J'ai jetи ma pipe
Ma vieill' pipe en bois
Qu'avait fumи sans s' fбcher
Sans jamais m'brшlи la lippe
L' tabac d' la vache enragиe
Dans sa bonn' vieill' tйt' de pipe
J'ai des pip's d'иcume
Ornиes de fleurons
De ces pip's qu'on fume
En levant le front
Mais j' retrouv'rai plus ma foi
Dans mon coeur ni sur ma lippe
Le goшt d' ma vieill' pip' en bois
Sacrи nom d'un' pipe.
(refrain)
Le surnom d'infбme
Me va comme un gant
D'avecques ma femme
J'ai foutu le camp
Parc' que depuis tant d'annиes
C'иtait un' sinиcure
De lui voir tout l' temps le nez
Au milieu de la figure
Je bas la campagne
Pour dиnicher la
Nouvelle compagne
Valant celles-lю
Qui, bien sшr, laissait beaucoup
Trop de pierr's dans les lentilles
Mais se pendait ю mon cou
Quand j' perdais mes billes.
(refrain)
J'avais un' mansarde
Comme logement
Avec des lиzardes
Sur le firmament
Je l'savais par coeur depuis
Et pour un baiser la course
J'emmenais mes bell's de nuits
Faire u tour sur la grande ourse
J'habit' plus d' mansarde
Il peut dиsormais
Tomber des hall'bardes
Je m'en bats l'oeil mais,
Mais si quelqu'un monte aux cieux
Moins que moi j'y paie des prunes
Y a cent sept ans qui dit mieux,
Qu' j'ai pas vu la lune!
(au refrain)
Quand j'ai couru chanter ma p'tite chanson pour Marinette
La belle, la traнtresse иtait allиe ю l'opиra
Avec ma p'tit chanson, j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec ma p'tit chanson, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru porte mon pot d' moutarde ю Marinette
La belle, la traнtresse avait dиjю fini d' dнner
Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con.
Quand j'offris pour иtrennes un' bicyclette ю Marinette
La belle, la traнtresse avait achetи une auto,
Avec mon p'tit vиlo, j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec mon p'tit vиlo, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru tout chose au rendez-vous de Marinette
La bell' disait: "J' t'adore" ю un sal' typ' qui l'embrassait
Avec mon bouquet d' fleurs, j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec mon bouquet d' fleurs, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru brшler la p'tit' cervelle ю Marinette
La belle etait dиjю morte d'un rhume mal placи,
Avec mon rиvolver, j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec mon rиvolver, j'avais l'air 6
Quand j'ai couru lugubre ю l'enterr'ment de Marinette
La belle, la traнtresse иtait dиjю rиssuscitиe
Avec ma p'tit couronn', j'avais l'air d'un con ma mхre,
Avec ma p'tit couronn', j'avais l'air d'un con.
C'est qui sont plaisant tous ces petits villages
Tous ces bourg ces hameaux ces lieux-dits ces citиs
Avec leurs chбteau forts leurs иglises leurs plages
Ils n'ont qu'un seul point faible et c'est йtre habitиs
E c'est йtre habitиs par des qui regardent
Le reste avec mиpris du haut de leurs remparts
La race des chauvins des porteurs de cocardes
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part.
Maudits soient ces enfants de leur mхre patrie
Empalиs une fois pour toute sur leur clocher
Qui vous montrent leurs tours leurs musиes leur mairie
Vous font voir du pays natal jusqu'ю loucher
Qu'ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sхte
Ou du diable vauvert ou de Zanzibar
Ou mйme de Montcuq il s'en flattent mazette
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part.
Le sable dans lequel douillettes leurs autruches
Enfouissent la tйte on trouve pas plus fin
Quand ю l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches
Leurs bulles de savon c'est du soufle divin
Et petit ю petit les voilю qui se montent
Le cou jusqu'ю penser que le crottin fait par
Les chevaux mйme en bois rend jaloux tout le monde
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part.
C'est pas un lieu commun celui de leur connaissance
Ils plaignent de tout coeur les malchanceux
Les petis maladroits qui n'eurent pas la prиsence
La prиsence d'esprit de voir le jour chez eux
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur prиcaire
Contre les иtrangers tous plus ou moins barbares
Ils sortent de leur trou pour mourir ю la guerre
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part.
Mon dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si on y rencontrait cette race incongrue
Cette race importune et qui partout fosonne
La race des gens du terroir des gens du cru
Que la vie serait belle en toutes circonstances
Si vous n'aviez tirи du nиant tous ces jobards
Preuve peut-йtre bien de votre inexistance
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part
Les imbиciles heureux qui sont nиs quelque part.
Une manie de vieux garгon
Moi j'ai pris l'habitude
D'agrиmnter ma sollitude
Aux accents de cette chanson
Refrain
Quand je pense ю Fernande
Je bande, je bande
Quand j' pense ю Felicie
Je bande aussi
quand j' pense ю Lиonor
Mon dieu je bande encore
Mais quand j' pense ю Lulu
Lю je ne bande plus
La bandaison papa
Ca n' se commande pas.
C'est une mбle ritournelle
Cette ancinne virile
Qui retentit dans la guиrite
De la vaillance иternelle.
Afin de tromper son cafard
De voir la vie moins terne
Tout en veillant sur sa lanterne
Chante ainsi le gardien de phare
Aprхs la priхre du soir
Comme il est un peu triste
Chante ainsi le sиminariste
A genoux sur son reposoire.
A l'Etoile oы j'иtait venu
Pour ranimer la flamme
J'entendis иmus jusqu'au larmes
La voix du soldat inconnu.
Et je vais mettre un point final
A ce chant salutaire
En suggиrant au solitaire
D'en faire un hymme national.
Si vous y tenez tant parlez-moi des affaires publiques
Encor que ce sujet me rende un peu mиlancolique
Parlez-m'en toujours je n' vous en tiendrai pas rigueur
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Fi des chantres bйlant qui taquine la muse иrotique
Des poхtes galants qui lхchent le cul d'Aphrodite
Des auteurs courtois qui vont en se frappant le cњur
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Naguхre mes idиe reposaient sur la non-violence
Mon agressivitи je l'avait rиduite au silence
Mais tout tourne court ma compagne иtait une gueuse
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Ancienne enfant trouvиe n'ayant connu pхre ni mхre
Coiffиe d'un chap'ron rouge ell' s'en fut ironie amхre
Porter soi_-disant une galette ю son aоeule
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Je l'attendis un soir je l'attendis jusqu'ю l'aurore
Je l'attendis un an pour peu je l'attendrais encore
Un loup de rencontre aura sиduite cette gueuse
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Cupidon ce salaup geste chez lui qui n'est pas rare
Avais trenpи sa flхche un petit peu dans le curare
Le philtre magique avait tout du bouillon d'onzes heures
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Ainsi qu'il est frиquent sous la blancheur de ses pиtales
La marguerite cachait une tarentule un crotale
Une vraie vipхre ю la fois lubrique et visqueuse
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Que le septiхme ciel sur ma pauvre tйte retombe
Lorsque le dиsespoir m'aura mis au bord de la tombe
Cet ultime discours s'exhalera de mon linceul
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Le petit joueur de flшteau
Menait la musique au chбteau
Pour la grбce de ses chansons
Le roi lui offrit un blason
Je ne veux pas йtre noble
Rиpondit lecroque-note
Avec un blason ю la clи
Mon la se mettrait ю gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flшte a trahi
Et mon pauvre petit clocher
Me semblerait trop bas perchи
Je ne plierais plus les genoux
Devant le bon Dieu de chez nous
Il faudrait ю ma grande бme
Tous les saints de Notre-Dame
Avec un иvйque ю la clи
Mon la se metrait ю gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flшte a trahi
Et la chambre oы j'ai vu la jour
Me serait un triste sиjour
Je quitterai mon lit mesquin
Pour une couche ю baldaquin
Je changerais ma chaumiхre
Pour une gentilhommiхre
Avec un manoir ю la clи
On dirait par tout le pays
Le joueur de flшte a trahi
Je serai honteux de mon sang
Des aоeux de qui je descends
On me verrait bouder dessus
La branche dont je suis issu
Je voudrais un magnifique
Arbre gиnиalogique
Avec du sang bleu a la clи
Mon la se mettrait a gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flшte a trahi
Je ne voudrais plus иpouser
Ma promise ma fiancиe
Je ne donnerais pas mon nom
A une quelconque Ninon
Il me faudrait pour compagne
La fille d'un grand d'Espagne
Avec un' princesse ю la clи
Mon la se mettrait ю gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flшte a trahi
Le petit joueur de flшteau
Fit la rиvиrence au chбteau
Sans armoiries sans parchemin
Sans gloire il se mit en chemin
Vers son clocher sa chaumine
Ses parents et sa promise
Nul ne dise dans le pays
Le joueur de flшte a trahi
Et Dieu reconnaisse pour sien
Le brave petit musicien
Il vivait en dehors des chemin forestier,
Ce n'иtait nullement un arbre de mиtier,
Il n'avait jamais vu l'ombre d'un bшcheron,
Ce grand chйne fier sur son tronc.
Il eшt connu des jours filиs d'or et de soie
Sans ses proches voisins, les pires gens qui soient;
Des roseaux mal pensant, pas mиme des bambous,
S'amusant ю le mettre ю bout.
Du matin jusqu'au soir ces petit rejetons,
Tout juste cann' ю pйch', ю peine mirlitons,
Lui tournant tout autour chantaient, in extenso,
L'histoire du chйne et du roseau.
Et, bien qu'il fшt en bois, les chйnes, c'est courant,
La fable ne le laissait pas indiffиrent.
Il advin que lassи d'йtre en but aux lazzi,
Il se rиsolue ю l'exi.
A grand-peine il sortit ses grands pieds de son trou
Et partit sans se retourner ni peu ni prou.
Mais, moi qui l'ai connu, je sais qu'il souffrit
De quitter l'ingrate patri'.
Le p'tit ch'val dans le mauvais temps
Qu'il avait donc du courrage!
C'иtait un petit cheval blanc
Tous derriхre, tous derriхre
C'иtait un petit cheval blanc
Tous derriхre et lui devant!
Il n'y avait jamais d' beau temps
Dans ce pauvre paysage!
Il n'y avait jamais d' printemps
Ni derriхre, ni derriхre,
Il n'y avait jamais d' printemps
Ni derriхre ni devant!
Mais toujours il иtait content
Menant les gars du village
A travers la pluie noire des champs
Tous derriхre, tous derriхre
A travers la pluie noire des champs
Tous derriхre et lui devant!
Sa voiture allait poursuivant
Sa bell' petit' queue sauvage
C'est alors qu'il иtait content
Tous derriхre, tous derriхre
C'est alors qu'il иtait content
Tous derriхre et lui devant!
Mais un jour dans le mauvais temps,
Un jour qu'il иtait sage
Il est mort par un иclair blanc
Tous derriхre, tous derriхre
Il est mort par un иclair blanc
Tous derriхre et lui devant!
Il est mort sans voir le beau temps
Qu'il avait donc du courrage!
Il est mort sans voir le printemps
Ni derriхre, ni derriхre
Il est mort sans voir le printemps
Ni derriхre, ni devant!
Paul FORT
Dites moy ou, n'en quel pays
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, nи Thaоs
Qui fut sa cousine germaine,
Echo parlant quand bruyt on maine
Dessus riviхre ou sus estan
Qui beaultи ot trop plus qu'humaine.
Mais ou sont les neiges d'antan?
Qui beaultи ot trop plus qu'humaine.
Mais ou sont les neiges d'antan?
Ou est trхs sage Hиlloоs,
Pour qui chastrи fut et puis moyne
Pierre Esbaillart a Saint Denis?
Pour son amour ot ceste essoyne.
Semblablement, ou est royne
Qui commanda que buridan
Fut getи en ung sac en Saine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
Fut getи en ung sac en Saine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
La royne blanche comme lis
Qui chantoit a voix de seraine,
Berte au grand piи, Bietris, Alis
Haremburgis qui tient le Maine,
Et Jehanne la bonne Lorraine
Qu'Englois br^ulхrent a Rouan;
Ou sont ilz, ou Vierge souveraine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
Ou sont ilz, ou Vierge souveraine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
Prince, n'enquиrez de sepmaine
Ou elles sont, ne de cest an,
Qu'a ce refrain ne vous remaine:
Mais ou sont les neiges d'antan?
Qu'a ce refrain en vous remaine;
Mais ou sont les neiges d'antan?
Franгois Villon
Rien n'est jamais acquis ю l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur. Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix.
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un иtrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux.
Sa vie Elle ressemble ю ces soldats sans armes
Qu'on avait habillиs pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir dиsoeuvrиs incertains,
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux.
Mon bel amour mon cher amour ma dиchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blиssи
Et ceux-lю sans savoir nous regarde passer
Rиpиtant aprхs moi les mots que j'ai tressиs
Et qui pour tes grands yeux tout aussitтt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux.
Le temps d'apprendre ю vivre il est dиjю trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs ю l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux.
Louis ARAGON.
On les r'trouve en racourci
Dans nos p'tits amours d'un jour,
Tout's les joies, tous les soucis,
Des amours qui dur'nt toujours
C'est lю l'sort de la marine
Et de tout's nos petit's chиries.
On accoste, vite un bec,
Pour nos baisers, l'corps avec!
Et les joies et les bouderies,
Les fбcheries, les bons retours,
On les r'trouve en racourci
Dans nos p'tits amours d'un jour.
On a ri, on s'est baisи,
sur les neunњils, sur les nиnиs,
Dans les ch'veux ю pleins bиcots
Pondus comm' des њufs, tout chauds!
Tout c'qu'on fait dans un seul jour
Et comme on allonge le temps,
Plus d'trois fois dans un seul jour,
Content, pas content, content!
Y a dans la chambre une odeur
D'amour tendre et de goudron.
Ca vous met la joies dans le cњur
La peine aussi et c'est bon.
On n'est pas la pour causer,
Mais on pens' mйm' dans l'amour
On pens' que d'main y f'ra jour
Et qu'c'est un' calamitи.
C'est lю l'sort de la marine,
Et de tout's nos petit's chиries,
On accost' mais on devine
Qu'гa s'ra pas le paradis!
On aura beau s'dиpиcher
Fair' bon dieu, la pige au temps,
Et l'bourrer d'tous nos pйchиs
Ca n's'ra pas гa et pourtant...
Tout's les joies, tous les soucis,
Des amours qui dur'nt toujours,
On les r'trouvent en raccourci
Dans nos p'tits amours d'un jour.
Paul FORT.
Il avait nom corne d'Aurochs, au guи, au guи
Tout l' mond' peut pas s'app'ler Durand, au guи, au guи
En le regardant avec un oeil de poхte,
On aurait pu croire ю son frontal de prophхte,
Qu'il avait les grand's eaux de Versaill's dans la tйte
Corne d'Aurochs.
Mais que le bon dieu lui pardonne, au guи, au guи
C'иtaient celles du robinet; au guи, au guи
On aurait pu croire en l' voyant penchи sur l'onde
Qu'il se plongeait dans des mиditations profondes,
Sur l'aspect fugitif des choses de se monde
Corne d'Aurochs.
C'иtaient hиlas pour s'assurer, au guи, au guи
Qu' le vent n' l'avait pas dиcoiffи, au guи, au guи
Il proclamait ю son de trompe ю tous les carrefours
"Il n'y a qu' les imbиciles qui sachent bien faire l'amour,
La virtuositи c'est une affaire de balourds!"
Corne d'Aurochs.
Il potassait ю la chandelle, au guи, au guи
Des traitиs de maitien sexuel, au guи, au guи
Et sur les femm's nues des musиes, au guи, au guи
Faisait l' brouillon de ses baisers, au guи, au guи
Et bientтt petit ю petit, au guи, au guи
On a tout su, tout su de lui, au guи, au guи
On a su qu'il иtait enfant de la Patrie
Qu'il иtait incapable de risquer sa vie
Pour cueillir un myosotis ю une fille
Corne d'Aurochs.
Qu'il avait un p'tit cousin, au guи, au guи
Haut placи chez les argousins, au guи, au guи
Et que les jours de pиnurie, au guи, au guи
Il prenait ses repas chez lui, au guи, au guи
C'est mйme en revenant d' chez cet antipathique
Qu'il tomba victime d'une indigestion critique
Et refusa l' secours de la thиrapeutique
Corne d'Aurochs.
Parce que c'иtait un All'mand, au guи, au guи
Qu'on devait le mиdicament, au guи, au guи
Il rendit comm' il put son бme machinale
Et sa vie n'ayant pas иtи originale
L'Etat lui fit des funиrailles nationales
Corne d'Aurochs.
Alors sa veuve en gиmissant, au guи, au guи
Coucha avec son remplaгant, au guи, au guи.
Au marchи de Briv'-la-Gaillarde
A propos de bottes d'oignons,
Quelques douzaines de gaillardes
Se crйpaient un jour le chignon.
A pied, a cheval, en voiture,
Les gendarmes mal inspirиs
Vinrent pour tenter l'aventure
D'interrompre l'иchauffourиe.
Or, sous tous les cieux sans vergogne,
C'est un usag' bien иtabli,
D‚s qu'il s'agit d' rosser les cognes
Tout le monde se rиconcilie.
Ces furies perdant tout' mesure
Se ruхrent sur les guignols,
Et donnхrent je vous l'assure
Un spectacle assez croquignol.
En voyant ces braves pendores
Etre ю deux doigts de succomber,
Moi, j' bichais car je les adore
Sous la forme de macchabиes
De la mansarde oы je rиside
J'exitais les farouches bras
Des mиgхres gendarmicides
En criant: "Hip, hip, hip, hourra!"
Frиnиtiqu' l'un' d'elles attache
Le vieux marиchal des logis
Et lui fait crier: "Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l'anarchie!"
Une autre fourre avec rudesse
Le crбne d'un de ses lourdauds
Entre ses gigantesques fesses
Quelles serre comme un иtau.
La plus grasse de ses femelles
Ouvrant son corsage dilatи
Matraque ю grand coup de mamelles
Ceux qui passe ю sa portиe.
Ils tombent, tombent, tombent, tombent,
Et s'lon les avis compиtents
Il paraнt que cette hиcatombe
Fut la plus bell' de tous les temps.
Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons,
Ces furies comme outrage ultime
En retournant ю leurs oignons,
Ces furies ю peine si j'ose
Le dire tellement c'est bas,
Leur auraient mйm' coupи les choses
Par bonheur ils n'en avait pas.
Leur auraient mйm' coupи les choses
Par bonheur ils n'en avait pas.
En ce temps-lю, je vivais dans la lune
Les bonheurs d'ici-bas m'иtaient tous dиfendus
Je semais des violettes et chantais pour des prunes
Et tendais la patte aux chats perdus.
Refrain
Ah ah ah ah putain de toi
Ah ah ah ah ah ah pauvre de moi...
Un soir de pluie v'lю qu'on gratte ю ma porte
Je m'empresse d'ouvrir, sans doute un nouveau chat!
Nom de dieu l' beau fиlin que l'orage m'apporte
C'иtait toi, c'иtait toi, c'иtait toi.
Les yeux fendus et couleur pistache
T'as posи sur mon coeur ta patte de velours
Fort heureus'ment pour moi t'avais pas de moustache
Et ta vertu ne pesait pas trop lourd.
Au quatre coins de ma vie de bohхme
T'as prom'nи, t'as prom'nи le feu de tes vingt ans.
Et pour moi, pour mes chats, pour mes fleurs, mes poхmes
C'иtait toi la pluie et le beau temps...
Mais le temps passe et fauche ю l'aveuglette.
Notre amour mшrissait ю peine que dиjю,
Tu brшlais mes chansons, crachais sur mes viollettes,
Et faisais des misaires ю mes chats.
Le comble enfin, misиrable salope.
Comme il n' restait plus rien dans le garde-manger,
T'as couru sans vergogne, et pour une escalope,
Te jeter dans le lit du boucher.
C'иtait fini, t'avais passи les bornes.
Et, r'nonгant aux amours frivoles d'ici-bas,
J' suis r'montи dans la lune en emportant mes cornes,
Mes chansons, et mes fleurs, et mes chats.
La camarde qui ne m'a jamais pardonne
d'avoir seme des fleurs dans les trous de son nez
me poursuit d'un zele imbecile
Alors cerne de pres par les enterrements
j'ai cru bon de remettre a jour mon testament
de me payer un codicile
Trempe dans l'encre bleue du golfe du lion
trempe trempe ta plume o mon vieux tabellion
et de ta plus belle ecriture
Note ce qu'il faudrait qu'il advint de mon corps
lorsque mon ame et lui ne seront plus d'accord
que sur un seul point la rupture
Quand mon ame aura prit son vol a l'horizon
vers celles de gavroche et de mimi pinson
celles des titis, des grisettes